Le fait marquant de la deuxième décennie du XXème siècle restera :
L'arrivée de l'électricité au CHEYLAS
Séance du Conseil municipal, le 6 juillet 1913
«Mr le Maire expose au Conseil :
1 - Qu'il s'est entretenu avec Mr FREYDET, Directeur de l'usine de Brignoud pour obtenir l'éclairage électrique dans l'intérêt public de la commune, lequel, content de vendre à la commune du Cheylas un nombre suffisant de chevaux de force pour l'éclairage électrique de la commune, moyennant un prix annuel qui sera déterminé par un marché entre la commune et Mr FREYDET.
2 - Qu'il y aurait lieu de nommer une commission parmi les membres du Conseil municipal pour la rédaction de ce marché avec Mr FREYDET pour l'achat des chevaux de force électrique et de demander à Mr le Préfet l'autorisation de traiter de gré à gré.
3 - Ensuite d'établir un projet de dépenses pour cet éclairage.»
Le Conseil nomme à l'unanimité une commission de trois de ses membres pour la rédaction du marché et demande l'autorisation de traiter avec Mr FREYDET pour les clauses et conditions du marché.
Séance du Conseil municipal du 13 septembre 1913
Mr le Maire soumet au Conseil le traité de gré à gré relatif à l'achat des chevaux de force.
Il expose ensuite que la dépense annuelle relative à cet achat s'élève à la somme de 1 960 frs. «Cette dépense serait couverte en recettes par le produit des lampes électriques qui doit s'élever d'après les souscriptions des habitants de la commune à la somme de 3 200 frs.»
Le projet de dépenses du réseau d'éclairage électrique de la commune, compris les principaux hameaux, doit s'élever approximativement à la somme de 20 000 frs.
Mr le Maire ne voit pas d'autres moyens que l'emprunt sur 30 ans pour assurer le paiement de cette dépense.
L'annuité , de 1 129 frs environ, serait couverte en recettes par le produit des lampes dépassant la somme de 1 960 frs, soit 1 240 frs.
Le Conseil approuve le traité.
L'emprunt serait demandé au crédit foncier et remboursable en 30 ans à partir du 1er janvier 1914.
Séance du Conseil municipal du 17 mai 1914
Mr le Maire dépose sur le bureau le projet de création d'un réseau d'éclairage électrique de la commune du Cheylas, dressé par Mr BERGEON, ingénieur à Grenoble, sous directeur de l'Institut électro-technique.
Le Conseil :
«Considérant que la commune du Cheylas se trouve être la seule de la vallée du Graisivaudan à ne pas bénéficier des avantages de l'éclairage électrique,
Considérant que l'absence de propositions de la part des industriels est le résultat de l'éloignement des centres de production d'énergie et de la dissémination des agglomérations entraînant des frais élevés pour l'installation du réseau de distribution,
Considérant qu'il est indispensable que même au prix de quelques sacrifices pécuniaires la commune du Cheylas puisse utiliser l'éclairage électrique présentant des avantages incontestables sur tous les autres procédés actuellement en usage,
Considérant que Mr FREYDET, industriel à Brignoud, offre de céder en location à la commune du Cheylas l'énergie nécessaire à charge par la commune d'établir les lignes aériennes, les appareillages divers et d'assurer la distribution du courant,
Considérant que ces conditions sont les seules et les plus avantageuses que la commune ait pu obtenir, la création d'une usine électrique au moyen d'une chute à installer sur le ruisseau du Cheylas devant nécessiter une dépense qui ser ait hors de proportion avec les bénéfices à retirer de l'exploitation,
Considérant que le montant total de la dépense évaluée à 21 500 frs se décompte comme suit :
Projet de distribution dans la commune 16 400 frs
Somme à verser à Mr FREYDET pour l'établissement de la ligne d'amenée et du poste de transformation 5 000 frs
Prévision pour acquisition de droits de passage à travers les propriétés 100 frs
Total 21 500 frs
Considérant qu'il résulte des premiers sondages effectués parmi les habitants que les recettes brutes de location de lumière et de force produiraient un revenu annuel de 3 100 frs, que ce chiffre est susceptible d'augmentation lorsque les habitants se seront davantage pénétrés des facilités et de l'agrément de l'éclairage électrique,
Considérant ... qu'il n'est pas fait état (dans le chiffre de recettes attendues) de l'éclairage public communal qui sera assuré gratuitement, »
Le Conseil, donc, approuve le projet et vote un emprunt de 21 500 frs
Séance du Conseil municipal du 19 juillet 1914
Mr PASQUET, adjoint, expose que le projet de création d'un réseau de distribution de lumière et de force motrice «a été examiné par Mr l'Ingénieur en chef du service du contrôle qui a trouvé ce projet bien établi et susceptible de recevoir l'approbation de Mr le Préfet.
Toutefois avant que cette approbation puisse être donnée, Mr le Préfet prescrit de se conformer aux instructions ministérielles en dressant un cahier des charges fixant les conditions du service et indiquant les tarifs maximum de vente du courant au public. Il convient en outre de joindre au dossier un plan général des lignes principales de distribution, un modèle des polices d'abonnement et un mémoire descriptif indiquant les dépenses à faire par la commune pour la construction et l'exploitation du réseau ainsi que les recettes annuelles probables.»
Le Conseil, après examen du dossier, approuve le cahier des charges, les modèles de polices et le mémoire descriptif et décide qu'il y a lieu de demander à Mr le Préfet de prescrire l'enquête règlementaire sur le projet.
Séance du Conseil municipal du 4 août 1924
Le Conseil agrée la demande de la société des hauts fourneaux et forges d'Allevard et fait connaître à l'autorité préfectorale qu'après entente avec la société, il a été décidé que la commune ne fournirait que les poteaux nécessaires pour amener les lignes basse- tension des agglomérations chef-lieu et Villard à divers hameaux, savoir : Chaberts, Trouillet, Abbaye, Rompey et Maupas.
Que par suite des faibles ressources dont dispose la commune, les habitants des hameaux ci dessus ont pris l'engagement par écrit de fournir à leurs frais, y compris l'établissement des trous, les poteaux nécessaires à l'établissement des lignes basse - tension les intéressant.
Le 30 mars 1925, la préfecture donne son accord.
L'entreprise d'installations électriques Pierre ROCCIA d'Allevard est chargée de la fourniture et de la plantation des poteaux de l'éclairage électrique de Le CHEYLAS (il y en aura 101).
Deuxième étape importante :
Le 12 mars 1925, une convention est passée entre la commune représentée par son maire, Laurent BEURRIAND, et monsieur Louis DECHARGE, représentant légal de la société des Hauts Fourneaux et Forges d' Allevard. Cette dernière assurera la distribution du courant électrique pour l'éclairage public et privé, pour une durée de 40 ans.
Par courrier du 6 octobre 1925, la société des Hauts Fourneaux et des Forges d'Allevard affirme avoir vérifié les poteaux fournis et plantés par les habitants. Elle accepte cette installation et en assurera l'entretien.
La commune procède alors aux installations nécessaires dans les différents bâtiments communaux :
- École du Bourg : 2 lampes et une prise de courant pour la salle de classe, une lampe pour chacun des deux vestibules et deux lampes pour la salle de banquet. A l'étage, dans les appartements : une lampe dans chaque pièce et une prise dans le salon.
- Mairie : Une lampe par pièce (salle de réunion, secrétariat, local de la pompe, salle de bal) et une lampe à l'extérieur.
- Cure : 8 lampes dont une à double allumage.
- École du Villard : 8 lampes ordinaires.
- Café de la mairie : 10 lampes pour la totalité du bâtiment, de la cave aux chambres en passant par la salle de café et la cuisine.
Dernier épisode important :
La loi du 8 avril 1946 et les décrets de transfert substituent de plein droit E.D.F. au concessionnaire qui assurait la distribution de l'énergie électrique. Les effets de la convention de mars 1925 prennent alors fin.
E.D.F. sera encore davantage "présente" sur le territoire communal avec la mise en service en 1979 de l'usine hydro-électrique du CHEYLAS, ultime réalisation du réaménagement de la vallée de l'Arc.